CHOC DES BLAZES
Moi qui suis Toulousain, quelle n'a pas été ma surprise de découvrir ce pastiche très particulier. On peut le trouver sur un site d'un internaute extrême-droitier local, dont je ne donnerai pas les coordonnées comme ça ni insultes inutiles, ni soutiens éventuels). Mais que cherche à signifier ce pseudo "blason du quartier des Izards" ?
Pas
besoin d'être sorcier pour reconnaître la base du vrai blason de
Toulouse, dans la version dessinée qu'en donne Jean-Paul Gasssowski sur
le site de la Banque du Blason.
À dextre, le Palais Narbonnais
(ancien hôtel de ville, détruit), à senestre la Basilique Saint-Sernin,
bijou de l'art roman. Au centre, un agneau pascal passant, qui
normalement porte une crosse d'or terminée par une croix "cléchée et
pommetée d'or" dite aussi "croix de Toulouse".
Là, le pasticheur a
cru bon trancher le col de l'animal pour faire comprendre que ce
quartier de Toulouse est très fortement teinté Maghreb, selon
l'équation "immigré égale égorgeur de mouton".
Dans cet ancien
quartier maraîcher très excentré, les loyers sont peu chers et donc
prisés de la population immigrée. C'est aux Izards qu'ont commencé
Magyd Cherfi, Hakim et Mouss Amokrane, plus connus ensemble que
séparément sous le nom de Zebda. Une fierté toulousaine, sauf chez les
fafs, ça va de soi.
Magyd Cherfi est à Cavanna ce que la littérature de ce triste pasticheur est à Gérard de Villiers.
Vous
aurez compris que j'aurai bien du mal a reconnaître du talent à ce
caricaturiste de l'héraldique qui connaît quand même ses classiques :
mettre des croissants musulmans et une pyramide en chef relève quand
même d'une certaine adresse.
Quoi
que... Le symbole "croissant plus lune" qui orne nombre de drapeaux de
pays d'Islam est une invention européenne (cf. le sceau de Richard
Coeur de Lion ci-contre) qui a très bien pris dans le terreau de ces
jeunes nations (Turquie, Tunisie, etc.). Quand à la pyramide, outre le
fait qu'elle nous contemple depuis 40 siècles, on ne voit pas bien ce
qu'elle fiche là. Les immigrés égyptiens sont rares par chez nous.
Ce qui est amusant aussi, c'est que Zebda aussi, pour son logo, a choisi un blason —les puristes diront un écusson. Certes, il n'est pas très orthodoxe ni dans les couleurs, ni dans l'agencement. N'empêche : le nom "zebda" est "en bande", et qui plus est "de sable sur fond d'argent". Poétique et parlant. Quand aux deux coqs en meubles, ils ont la particularité d'être dessinés en calligraphie arabe, ce qui n'est pas sans rappeler le "diapré" de l'héraldique ancienne.