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CARNET HÉRALDIQUE

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21 janvier 2008

21 JANVIER, ON TIRE LES ROIS

Un 21 janvier, il y a quelques années. Passant par Paris, je prends une chambre à l'Hôtel Clément, à deux pas du Boulevard Saint-Germain, et à un pas et demi de la librairie Saffroy, seule librairie totalement dédiée à l'héraldique que je connaisse. N'ayant rendez-vous qu'à onze heures, je m'attarde dans la salle du petit déjeuner. Comme la pendule n'avance toujours pas assez vite, je me décide à aller faire un tour chez Saffroy, histoire de passer le temps, et de dépenser un peu d'argent car on en sort rarement à vide. Surprise, je trouve porte close. imagesIl y a tant d'autres librairies dans le secteur que je ne m'inquiéte pas de cette absence momentanée.
Vers le milieu de l'après-midi, je rentre à l'hôtel pour me changer et là, je constate que la librairie a rouvert. Je sonne, et je dois avoir bonne mine, on m'ouvre. Les Dames Saffroy mère et fille classent, comme toujours, et je m'enfonce dans les rayonnages héraldiques dévolus aux armoriaux communaux, lorsque entre à son tour un monsieur en loden bleu marine, ganté et chaussé de bordeaux, lunettes rondes en écailles à bords épais, teint légèrement couperosé par les frimas du jour. À peine est-il entré qu'il s'exclame à la cantonade : "Ah ça, mais ce n'est donc pas fermé aujourd'hui ? Mais enfin ne devriez-vous pas avoir le volet clos et avoir chargé la devanture de lourdes tentures noires ? Une si noble maison !?" Les Dames Saffroy sourient sans discourir (elles sont peu loquaces), et une fois le déclameur calmé, tout le monde replonge dans ses recherches. Mais cela pose question quand même. jan21_1793L'héraldique est-elle le champ clos de vieux royalistes éplorés le jour anniversaire de la décapitation de Louis XVI, ou bien conserve-telle des adeptes parmi les gens ordinaires ? Ce genre de trublion ferait gentiment sourire s'il n'était porteur d'une idéologie qui fait peu de cas de la réalité de l'Histoire pour n'en retenir qu'une partie. L'héraldique ne serait-elle qu'un art nostalgique de la noblesse déchue ? On peut réécrire l'Histoire, chaque jour d'aucuns s'y essaient. Mais à l'inverse des rois ou des révolutionnaires, que l'on peut couper en deux, l'Histoire est une et indivisible. Les "insignes de la tyrannie" sont devenus "propriété de la Nation". Et chaque blason de notre Histoire appartient désormais plus au pays qu'il n'appartient à ceux qui s'en réclament.

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20 janvier 2008

POUR QUI SONT CES SERPENTS QUI SIFFLENT SUR NOS ARMES ?

Le village de Seignelay, dans l'Yonne, possède un serpent dans ses armes :
Parti au premier d'or à une couleuvre ondoyante en pal d'azur, au second d'azur à un tour d'or ouverte du champ."

seignelay_blason01

colbert_blason02Ce serpent, cette couleuvre, elle lui vient de Jean-Baptiste Colbert (1619-1683).
Le célèbre intendant des finances de Louis XIV portait sur ses armes une couleuvre (colobra en latin vulgaire), type même des armes dites "parlantes", quasi homonymes. Déjà seigneur de Sceaux, de Châteauneuf-sur-Cher, de Linières, de Beaumont, le ministre devint marquis de Seignelay en 1657, en achetant le château du lieu.

En héraldique, cette couleuvre dressée a également un autre nom : la "bisse".
IMassimiliano_Viscontil ne faut pas la confondre avec la guivre (ou givre), serpent de même apparence, à ceci prêt qu'il engloutit un enfant dont seul le tronc apparaît, bras ouverts.
Visconti_ecuTrès courante dans les armes italiennes, la guivre apparaît dans les blasons des Visconti, des Sforza, etc.
BisciaElle est aussi dans le blason du duché de Milan (d’argent, à la guivre d'azur, couronnée d’or, issante de gueules), tel qu'il apparaît dans le célébrissime logo héraldique d'Alfa-Romeo. AlfaRomeo

17 janvier 2008

BLAZON MAUDIT

_cole_de_guerre_finnoiseFaut-il en avoir, de la bêtise et de la mauvaise foi, pour affirmer comme le gouvernement finlandais qu'il n'y a rien de choquant dans le nouveau drapeau de leur "École de guerre" ? Une croix gammée noire avec un liseré blanc, même sur fond d'azur, c'est pourtant fâcheux, c'est pourtant facho.
Liisa Kontiainen, l'héraldiste finlandaise qui a créé ce torchon (j'ai du mal à y voir un drapeau), se défend de toute filiation nazie, en rappelant que la croix gammée fut pendant très longtemps un motif neutre, voire un porte-bonheur en Inde, etc.
Vieilles rengaines, qui ne trompent que les naïfs.
C'est bien vrai qu'on retrouve cette croix peinte sur le front des pèlerins hindous ou dans leurs temples. Mais ceux-là ignorent dans leur immense majorité qu'elle fut brandie par un fou furieux qui mit le feu au monde. Ils ont une légitimité totale à en user. Cest vrai qu'on retrouve également ce symbole sur des vêtements sacerdotaux et des monuments du Moyen âge. Il n'est qu'à visiter le musée de Cluny du côté de la statuaire pour en trouver...
C'est vrai mais, depuis, il y a eu une guerre mondiale ou ladite croix gammée a gagné les galons du Diable.
Elle n'est plus neutre, elle ne le sera jamais plus.
Certains héraldistes jouent sur cette ambiguïté et ne cachent pas leur fascination pour ce "symbole solaire" très particulier.
Il suffit de faire le tour des publications héraldiques des vingt dernières années pour y trouver certaines apologies ou approximations douteuses, quelques rapprochements complaisants avec cette "marque de la Bête immonde", autrement plus puante que le laissent accroire les nazillons sous cape.
21041944Au même titre que Jeanne d'Arc, l'extrême-droite a tenté de faire une OPA sur l'héraldique, et il faut être reconnaissant à des Michel Pastoureau de l'avoir sortie de l'ornière où l'avaient reléguée les maurassiens et consorts.
Sur Ebay, où on trouve de tout, comme autrefois à la Samaritaine, les boutiques "nationalistes" ne se gênent pas pour diffuser leurs breloques blasonnées (voir ci-contre).  . On y trouve des pin's baptisés "Odal" reprenant ainsi masqué le nauséeux logo de la Milice de Vichy. On y fourgue par exemple des tee-shirts estampillés "blason d'Aix-la-Chapelle" pour refiler en fait des blasons du commando "Das Reich" de sinistre mémoire. La mémoire, ces nécrophiles espèrent qu'elle finira par s'effilocher. Mais comme ce n'est toujours pas le cas, ils continuent de raser les murs, et c'est tant mieux.

16 janvier 2008

ARMOIRIES PRÉSIDENTIELLES, HOU LOUP LOUP !

Il avait déjà quasiment tout, la richesse, la puissance, les femmes et la gloriole...
Ne manquait plus pour le tableau de famille stylé "Point de vue en images" que le blason de l'ancêtre. Et bien le voilà. Le voilà, le blason des Särközy y armoiries_sarkozyNagy Bocsaj :
De gueules, au loup rampant d'or, tenant un badelaire d'argent sur une terrasse de sinople. (Arnaud Bunel sur le site Héraldique européenne le représente au naturel sur un mont de sinople. Nous n'avons pas les même sources sans doute)
Attention, regretteront les esprits chagrins, ce sont des armes concédées en 1628 par l'empereur germanique Ferdinand II, devenu par la force roi de Bohême et de Hongrie. Bref, c'est pas du patriotique pur jus, mais de l'allégeance à l'envahisseur. En ce temps-là, la Hongrie était sous la coupe des Habsbourg à l'Ouest, des Ottomans à l'Est. Difficile pour la noblesse de ne pas plier sous le joug. Il faudra attendre un siècle pour la voir ruer dans les brancards et obtenir un semblant d'autonomie dans l'Empire.
Rattention, rediront d'autres esprits plus chagrins encore.
Les Sarkozy de Trukchoze ne sont pas plus aristocrates que tant d'autres nobles d'opérette qui se sont octroyés des particules aux passages de frontières (immigration choisie ?). Il y a même des généalogistes qui auraient trouvé des ancêtres beaucoup moins glorieux que ne le laisse penser le rutilant blason. On sait combien l'homonymie permet d'usurpations.
Pour en revenir au dit blason, remarquons deux petites choses en passant.
Le badelaire : autre nom donné en héraldique au cimeterre, arme prisée des musulmans mais pas seulement, la preuve.
Le loup : regardez bien les oreilles de l'animal, puis celle du possesseur du blason, sur une photo, et méditez.

15 janvier 2008

LOUP BLASON DE LA RAGE

Piqué par la curiosité, je me suis demandé s'il y avait d'autres blasons avec des moutons égorgés que celui décrit dans le message précédent. Et bien oui, j'en ai trouvé au moins un : en Russie.
La ville de Volkov arbore fièrement deux moutons égorgés, posés sur le dos, comme ils le sont en général après le passage du loup, le troisième meuble de l'écu étant une rave.Volkov1
La devise "lupus lupo homo est" renvoie à cette vieille croyance que l'homme est un loup pour l'homme, ce qui n'est pas démontré.
Quant au pourquoi de ces armes sanglantes, ne sachant pas lire le russe, j'en suis réduit au silence.
Si jamais vous êtes russophone, voici l'adresse du site : http://sovet.geraldika.ru/article/5921.
Je suis preneur de traduction. D'avance merci.

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14 janvier 2008

FEU LA PRINCIPAUTÉ DE SEALAND

Hélas trois fois hélas, la principauté de Sealand a été partiellement et durement endommagée par le feu.
À l'origine plate-forme pétrolière rachetée par le milliardaire excentrique (*) Roy Bates, celui-ci a profité voici 40 ans d'un vide juridique pour déclarer ce lieu souverain et indépendant. À quelques miles de l'embouchure de la Tamise, au nez et à la barbe naissante d'Élizabeth II, ça fait mauvais genre.Sealand
De la Principauté de Sealand ont été émises les premières émissions de radios libres du continent, ce qui doit être salué au minimum par un profond respect par tous les démocrates des ondes.
La principauté a un drapeau, des armoiries, on y bat monnaie et on y émet des timbres.
C'est le second incendie qui frappe la plate-forme depuis sa création. On en ignore pour l'instant les causes. Il serait regrettable que James Bond soit mêlé à l'affaire, à l'instar des faux époux Turenge.
Mais Michael, le fils et successeur de Roy Bates depuis l'an 2000, a assuré que tout allait être reconstruit à l'identique, ou en mieux.
God save Sealand !

(*) Il n'y a que les milliardaires excentriques qui soient sympas. On dirait des gagnants du loto...

13 janvier 2008

CHOC DES BLAZES

Moi qui suis Toulousain, quelle n'a pas été ma surprise de découvrir ce pastiche très particulier. On peut le trouver sur un site d'un internaute extrême-droitier local, dont je ne donnerai pas les coordonnées comme ça ni insultes inutiles, ni soutiens éventuels). Mais que cherche à signifier ce pseudo "blason du quartier des Izards" ?

grouik_grouikPas besoin d'être sorcier pour reconnaître la base du vrai blason de Toulouse, dans la version dessinée qu'en donne Jean-Paul Gasssowski sur le site de la Banque du Blason.
À dextre, le Palais Narbonnais (ancien hôtel de ville, détruit), à senestre la Basilique Saint-Sernin, bijou de l'art roman. Au centre, un agneau pascal passant, qui normalement porte une crosse d'or terminée par une croix "cléchée et pommetée d'or" dite aussi "croix de Toulouse".
Là, le pasticheur a cru bon trancher le col de l'animal pour faire comprendre que ce quartier de Toulouse est très fortement teinté Maghreb, selon l'équation "immigré égale égorgeur de mouton".
Dans cet ancien quartier maraîcher très excentré, les loyers sont peu chers et donc prisés de la population immigrée. C'est aux Izards qu'ont commencé Magyd Cherfi, Hakim et Mouss Amokrane, plus connus ensemble que séparément sous le nom de Zebda. Une fierté toulousaine, sauf chez les fafs, ça va de soi.
Magyd Cherfi est à Cavanna ce que la littérature de ce triste pasticheur est à Gérard de Villiers.
Vous aurez compris que j'aurai bien du mal a reconnaître du talent à ce caricaturiste de l'héraldique qui connaît quand même ses classiques : mettre des croissants musulmans et une pyramide en chef relève quand même d'une certaine adresse. RichardCoeur
Quoi que... Le symbole "croissant plus lune" qui orne nombre de drapeaux de pays d'Islam est une invention européenne (cf. le sceau de Richard Coeur de Lion ci-contre) qui a très bien pris dans le terreau de ces jeunes nations (Turquie, Tunisie, etc.). Quand à la pyramide, outre le fait qu'elle nous contemple depuis 40 siècles, on ne voit pas bien ce qu'elle fiche là. Les immigrés égyptiens sont rares par chez nous.

1181065297853 Ce qui est amusant aussi, c'est que Zebda aussi, pour son logo, a choisi un blason —les puristes diront un écusson. Certes, il n'est pas très orthodoxe ni dans les couleurs, ni dans l'agencement. N'empêche : le nom "zebda" est "en bande", et qui plus est "de sable sur fond d'argent". Poétique et parlant.1181065194838 Quand aux deux coqs en meubles, ils ont la particularité d'être dessinés en calligraphie arabe, ce qui n'est pas sans rappeler le "diapré" de l'héraldique ancienne.

12 janvier 2008

PROJET BLASONS SUR WIKI : RUPTURE ?

J'ai été très intéressé par une de ces disputes dont sont coutumiers les passagers de forums.
325_150x150Ça se passe sur Wikipédia, entre deux ou trois co-auteurs du Projet Blasons. (*)
Redessiner tous les blasons qui passent est un tel travail que le projet Wikipédia permet à tout un tas d'héraldistes de se retrouver dans un travail commun. Très intéressant, mais auquel j'ai préféré m'abstenir de participer (on ne dessine pas pareil). J'ai donc perçu une dispute, car un des protagonistes a cru bon enlever de l'encyclopédie en ligne les blasons des départements qu'un autre avait patiemment introduits auparavant. S'ensuit une longue discussion sur la véracité des blasons départementaux, jamais adoptés par les Conseils généraux (les a-t-on seulement proposés ?). Stop ! C'est vrai pour tous, sauf un : le Finistère.
Ce département breton possède un blason créé en 1975 en lieu et place du sempiternel logo illisible, indigeste et incompréhensible. Il a été inventé pour l'occasion.
En voici l'explication, telle que la donne le site du Conseil Général :

" Parti d'or au lion morné et contourné de sable, et d'azur au bélier saillant d'argent onglé et accorné d'or, les deux animaux affrontés ; au chef d'argent chargé de cinq mouchetures d'hermine rangées en fasce "
Plus simplement, l'écu représente les deux composants du Finistère : le Léon sous la forme d'un lion "morné", c'est à dire sans griffes, ni dents, ni langue, la Cornouaille sous celle d'un bélier, symbole de la région depuis la fin du XVIIe siècle. Ces deux armes étaient déjà celles des deux évêchés qui existaient sous l'Ancien Régime avant que ne soient créés, en 1790, les Départements. À cette époque, la Bretagne regroupait 5 départements, d'où les 5 hermines placées en "chef" du blason, mais elles peuvent également symboliser les territoires des 5 évêchés (ou fragments d'évêché) qui ont servi à constituer le Finistère : l'ensemble du Léon, une grande partie de la Cornouaille, le Trégor, la région d'Arzano partie de l'évêché de Vannes, et quelques enclaves de l'évêché de Dol.

Pour l'instant, l'héraldique bretonne et l'héraldique alsacienne dominent encore de très loin ce qui peut exister sur le reste du territoire français... Quant aux départements, s'ils disparaissent tel que le souhaite notre roi-président, ce sera la fin du long combat que mène la réaction anti-républicaine depuis leur création. À quand le retour aux provinces, à la gabelle, à la taille et à la dîme ?

(*)http://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion_Utilisateur:Virgile199

11 janvier 2008

UN COAT OF ARMS POUR L'HIVER

Au Canada, comme aux États-Unis et dans tous l'univers anglo-saxon, l'iconographie héraldique est toujours vivace.
À vrai dire, c'est tout le graphisme qui est en forme dans ces contrées lointaines.
Or donc, quand un "cartoonist" très irrespectueux envers le maire de Hamilton (Ontario) veut faire un carton pour se payer sa tête, il imagine un pastiche d'armoiries (coat of arms) très sophistiqué. Graeme Mackay (www.mackaycartoons.net/) reprend tout l'attirail des armes traditionnelles, l'écu, les tenants, la devise et lui donne une insolence très agréable à l'œil.
mackay2

10 janvier 2008

LE BLASON DE BARBIE

blason_de_barbie

Pour la poupée transformiste de Mattel, il fallait un blason vaniteux sans trop, et douceâtre, modèle oblige.Sainte_Barbie
Attribué à la série des "princesses Barbie", il reprend les couleurs guimauve qui plaisent tant aux petites filles du monde entier (paraît-il). Un B d'or sur fond de rose, un azur pâle nanti d'une vague bague d'or à trois pétales. Et comme c'est un écartelé, les deux petits cantons dévolus au pied de l'écu ont la hauteur de la champagne et des motifs évoquant, -je dis bien évoquant- un semblant d'échiqueté et de palé de sable et d'argent. La forme de l'écu ressemble à l'italien du XVIe siècle, presque baroque. On est épaté en circulant sur le net de l'iconographie consacrée à Barbie par les artistes. Je ne résiste pas à l'envie de vous montrer cette peinture de Sainte Barbie, par un Américain extraordinaire : Mark Ryden (www.markryden.com/).

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  • La passion de l'héraldique peut s'expliquer de diverses manières. La beauté et la simplicité des blasons, la complexité de leur lecture, la poésie de leur langage, la richesse de leur diversité. Loin d'être une science, c'est un art exigeant.
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